L’IA est omniprésente, c’est indéniable. Le salon Learning Technologies 2024 ou Elearning Expo en ont d’ailleurs été de véritables célébrations de cette innovation appliquée au digital learning. Sur les stands, dans les conférences et les ateliers, l’IA était LE mot clé promettant une révolution dans la manière dont nous concevons, délivrons et expérimentons l’apprentissage numérique. Mais au-delà du buzz word et du positionnement marketing, quelles sont les véritables avancées pour les professionnels du secteur ? Voici quelques réflexions, teintées d’enthousiasme mais aussi de pragmatisme, sur les tendances pour le digital learning.

L’IA : une promesse omniprésente

Ils promettent des parcours de formation personnalisés, des modules de digital learning produits en quelques clics ou une expérience utilisateur augmentée… L’IA embarquée dans les solutions facilitant la création de contenu, proposant des parcours adaptatifs ou encore optimisant l’engagement des apprenants. Séduisant et enthousiasmant.

La main humaine : indispensable et complémentaire

Cependant, l’IA n’est pas magique. En allant au-delà des promesses marketing, la réalité opérationnelle est plus nuancée. L’IA, aussi avancée soit-elle, nécessite encore une intervention humaine significative, particulièrement dans la conception de storyboards et la production graphique ou vidéo. Ce constat n’est pas une déception mais un rappel de la valeur irremplaçable de l’humain dans le processus créatif.

En effet, l’un des vecteurs d’efficacité de la formation repose sur la capacité à capter l’attention, susciter de l’émotion, provoquer l’empathie chez l’apprenant. Or, à ce jour l’IA générative dont nous disposons est dépourvue de capacité de raisonnement et ne ressent pas d’émotion.

A propos de la création graphique ou vidéo, les IA génératives sont certes puissantes, parfois même bluffantes, mais force est de constater que la qualité des rendus et certains détails laissent à désirer. Les formats proposés restent parfois difficiles à exploiter pour une production professionnelle.

L’IA au service de l’optimisation

Alors, que pourrait-on réellement attendre de l’IA dans nos métiers ? La réponse réside moins dans le remplacement des compétences humaines que dans l’assistance et l’optimisation. L’IA a le potentiel d’alléger les tâches répétitives, de réduire les délais de production, et d’offrir des insights basés sur des données pour affiner les stratégies d’apprentissage.

En pratique, cela permet de passer moins de temps à la conversion de formats ou à la recherche de ressources et plus à conception pédagogique et au processus créatif.

L’IA prise à contrepied ?

A l’opposé de cette “débauche” de technologie et d’innovations techniques, d’autres tendances fortes éclosent au cœur des directions des ressources humaines et des services formation.

Le retour en force de la formation présentielle

Parallèlement, un autre phénomène a attiré notre attention : le regain d’intérêt pour la formation présentielle. Ce retour en force semble traduire un besoin profond de retrouver des interactions humaines et un environnement collaboratif. L’expérience collective, l’échange en temps réel, et la dynamique de groupe restent des composantes essentielles de l’apprentissage qui sont depuis quelques mois plébiscités. (Chiffres Baromètre ISTF 2024 : + 12 points par rapport à l’année d’avant pour la modalité « présentiel », qui reprend un niveau inégalé depuis 2019, en étant jugée la modalité la plus appréciée et efficace par les apprenants.)

L’engouement pour la gamification

Enfin, l’intérêt grandissant pour les Escape Games pédagogiques (digitaux, présentiel ou phygitaux) et la gamification en général des formations témoignent d’une recherche constante d’engagement et d’immersion. Ces approches ludiques, qui transforment l’apprentissage en une aventure captivante, illustrent l’envie d’émotion et de collaboration pour enrichir l’expérience éducative.

L’impact environnemental : une préoccupation croissante

Une autre prise de conscience pouvant être constatée est l’impact environnemental, questionnant le coût écologique des productions digitales et de la course à l’innovation.
Certaines tendances 2024, dont l’IA, semblent être en décalage avec une approche éco-responsable, ou du moins, seront à questionner sur ce niveau-là.

A l’occasion du salon Learning Technologies 2024 ou du récent Elearning expo, les quelques conférences sur ces thématiques nous ont invité collectivement à imaginer des pratiques vertueuses et une approche plus durable du digital learning. Un questionnement peut-être encore trop peu présent, mais qui sait, sera éventuellement la thématique majeure du salon de l’année prochaine ?…

Conclusion

L’IA s’est évidemment fait une place de choix dans le digital learning. Et tant mieux, parce qu’elle est pleine de promesse pour accélérer les processus de production de formation digitales, apporter des expériences de formation uniques et hyper personnalisée. Toutefois, au-delà de cette déferlante technologique, ressort l’importance cruciale de l’humain et son esprit critique dans l’équation d’apprentissage.
L’IA, aussi puissante soit-elle, est avant tout un outil au service de notre créativité et de notre ingéniosité qui amplifie notre humanité et notre capacité à générer de l’émotion pour nos apprenants.