Une des premières préoccupations du concepteur pédagogique est la lisibilité, la clarté, et la facilité de lecture des textes pédagogiques, qu’ils soient écrits ou oraux. Si à la première lecture, l’impression du relecteur – nécessairement subjective – est souvent révélatrice de la qualité du texte lu, il est également nécessaire d’employer une véritable méthode de relecture basée sur une analyse objective du texte.
Comment peut-on définir un texte pédagogique « trop compliqué » ?
Les sciences du langage fournissent des outils d’analyse du sens et de la syntaxe, et même de la qualité de la diction du texte pédagogique.
La densité sémantique d’un texte pédagogique
Un texte « dense » fait appel à de nombreuses notions spécialisées ; plusieurs mots par phrase sont empruntés à un vocabulaire professionnel ou propre à une discipline. Ce type de texte est facilement lu et compris par l’apprenant si ce vocabulaire a été parfaitement et solidement acquis : en d’autres termes, si aucun effort de mémoire excessif n’est nécessaire pour se rappeler de son sens. La lecture peut donc rester fluide et l’attention concentrée sur le fond.
En revanche, lorsque ce vocabulaire est fragile (acquis récemment), un effort de mémoire est nécessaire. Cet effort peut constituer un excellent outil exercice pédagogique, mais il rend la lecture moins efficace, car il interrompt son fil.
Il faut donc être vigilant et ne pas cumuler ces éléments de vocabulaire dans la même phrase, afin de ne pas saturer les capacités cognitives de l’apprenant… ni le décourager.
Mais écrire simplement ne signifie pas appauvrir le texte et réduire l’étendu du vocabulaire au strict minimum. Les éléments de vocabulaire qui correspondent au sujet étudié sont au contraire les bienvenus car ils sont indispensables à l’apprentissage, mais ils doivent être utilisés avec soin.
Il est également essentiel de ne pas utiliser des mots spécialisés d’un domaine d’étude étranger à celui du module, car on imposerait à l’apprenant une difficulté superflue qui va desservir le but pédagogique premier.
Voir à ce sujet les principes de Mayers, qui a montré que l’introduction d’éléments de sens éloignés de l’objet du module pédagogique dessert l’apprentissage.
Éviter les répétitions
La redondance des éléments, loin de simplifier le texte, diminue l’attention de l’apprenant et l’incite à sauter des lignes…
Etre clair ne signifie pas répéter les mêmes informations à l’envie ! Au contraire, chaque phrase doit véhiculer une idée ; de cette manière, on conserve l’attention de l’apprenant.
La répétition présente en revanche un intérêt pédagogique lorsqu’elle intervient à des moments clés tels que la synthèse, le feed-back, etc.
Un texte doit toujours être relu par une personne du même niveau que l’apprenant. Il est impossible pour les experts de cerner eux-mêmes la difficulté que peut poser un texte pour un néophyte.