L’accessibilité numérique dans le digital learning, ce n’est pas seulement une bonne pratique, c’est une obligation légale qui va impacter nombre d’entreprises à partir de juin 2025. Pourtant, beaucoup de responsables formation et concepteurs pédagogiques ne savent pas encore comment s’y conformer concrètement.
Cet article propose un guide pratique pour comprendre les enjeux et mettre en œuvre des solutions concrètes.
Pourquoi l’accessibilité est-elle essentielle ?
L’accessibilité numérique est une nécessité fondamentale dans notre société moderne, où les technologies numériques jouent un rôle central dans presque tous les aspects de la vie quotidienne. Garantir que le numérique soit accessible à tous, y compris aux personnes en situation de handicap, est non seulement une question de justice sociale, mais aussi un impératif légal et économique.
L’accessibilité numérique ne se limite pas uniquement aux personnes en situation de handicap permanent. Elle est également cruciale pour les personnes handicapées temporairement, les séniors et celles qui souffre d’illectronisme.
2025 : une obligation légale pour toutes les entreprises
Cette obligation découle de l’article 47 de la loi du 11 février 2005, dite « loi Handicap », qui a introduit les obligations d’accessibilité numérique en France. Le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA) fournit des normes et techniques pour faciliter la mise en accessibilité numérique et l’évaluer. Initialement, cette obligation concernait les personnes morales de droit public, les organisations à but non lucratif avec une mission d’intérêt général, et les entreprises privées dont le chiffre d’affaires dépasse 250 millions d’euros. Cependant, depuis le décret du 9 octobre 2023, l’obligation d’accessibilité numérique a été étendue à toutes les entreprises de plus de dix personnes ayant un chiffre d’affaires supérieur à deux millions d’euros.
Il y a d’autres obligations comme l’élaboration d’un plan pluriannuel d’accessibilité et un plan d’action annuel.
Ne pas respecter ces obligations peut entraîner des sanctions financières qui peuvent s’élever à 50 000 €
Référence : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000048178413
Les 4 piliers de l’accessibilité numérique
L’accessibilité numérique répond à quatre grands principes :
- Perceptibilité : Le contenu doit être perceptible par tous.
- Ex : Ajouter des textes alternatifs pour décrire les images.
- Fournir des sous-titres et transcriptions pour les vidéos.
- Utilisabilité : L’interface doit être utilisable, y compris sans souris.
- Ex : Rendre la navigation possible au clavier.
- Ne pas utiliser de drag & drop sans alternative.
- Compréhensibilité : Le contenu doit être structuré et clair.
- Ex : Hiérarchiser les titres (H1, H2…) et utiliser un langage simple.
- Éviter les longues phrases et privilégier des ****listes à puces.
- Robustesse : Le contenu doit être compatible avec tous les dispositifs.
- Ex : Vérifier que les modules fonctionnent avec les lecteurs d’écran (NVDA, Jaws…).
- Assurer une bonne rétrocompatibilité avec les nouvelles technologies.
Et quelles sont mes obligations pour mes modules ?
Une seule réponse : le RGAA.
Concrètement, les 106 critères du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA), répartis en 13 thématiques, ont été conçus pour offrir des solutions et des contournements permettant aux personnes en situation de handicap d’accéder à l’information. Ces critères couvrent divers aspects de l’accessibilité numérique, allant des alternatives textuelles pour les images aux sous-titres pour les vidéos, en passant par la navigabilité au clavier et la compatibilité avec les technologies d’assistance. L’objectif est de garantir que les contenus numériques soient utilisables par tous, indépendamment de leurs capacités, afin de promouvoir une société plus inclusive et équitable.
Chaque critère propose 3 niveaux d’accessibilité :
- A : Impératif
- AA : Réduction des obstacles
- AAA : Amélioration du confort d’utilisation
Vous devrez satisfaire ad minima le niveau AA d’un critère applicable au digital learning.
Et si on prenait un exemple ?
Prenons un cas concret avec un module qui contient une vidéo sur la photosynthèse.
Niveau A : Transcription textuelle
Vous fournissez une transcription incluant dialogues et descriptions visuelles clés.
La transcription pourrait décrire le processus et les animations montrant une feuille absorbant la lumière.
Niveau AA : Sous-titres synchronisés
Vous sous-titrez la vidéo avec les textes synchronisés à l’image. Les personnes peuvent suivre les explications visuelles et auditives en même temps.
Niveau AAA : Interprétation en langue des signes
Vous proposez une interprétation en langue des signes de la vidéo.
Les personnes malentendantes accèdent au contenu audio de manière visuelle.
Vous le voyez, pour un même critère, vous avez plusieurs niveaux de solutions applicables. Et ces niveaux présentent une progression « de succès » pour apporter une solution au handicap.
Chaque niveau d’accessibilité s’appuie sur le précédent, augmentant l’inclusivité. Ici, l’interprétation en langue des signes (niveau AAA) repose sur la présence de sous-titres (niveau AA), garantissant une accessibilité accrue.
Retenez que pour vos modules soient considérés comme accessibles, il vous faut répondre ad minima le niveau AA.
Comment anticiper l’accessibilité dès la conception ?
L’accessibilité ne doit pas être un ajout de dernière minute, mais une réflexion intégrée dès la phase de conception. Voici quelques bonnes pratiques :
- Inclure des exigences d’accessibilité dans le cahier des charges dès le début du projet.
- Tester les modules avec les outils utilisés par personnes en situation de handicap.
- Utiliser des outils de vérification (contrast checker, lecteurs d’écran, tests clavier…).
- Former les équipes formation aux standards d’accessibilité.
En appliquant dès aujourd’hui ces bonnes pratiques, vous garantissez à votre entreprise une conformité aux normes et, surtout, une formation plus inclusive et efficace pour tous vos apprenants.
En conclusion
Nous concevons tous des formations de qualité, en intégrant des bonnes pratiques pédagogiques et graphiques qui facilitent l’apprentissage. L’accessibilité numérique n’est donc pas un changement radical, mais une évolution naturelle de nos méthodes. En prenant du recul sur nos habitudes et en ajustant certaines pratiques, nous pouvons rendre nos contenus encore plus inclusifs, sans perdre en efficacité ni en engagement. Loin d’être une contrainte, c’est une opportunité d’amélioration continue. En avançant progressivement et en s’appuyant sur les standards du RGAA, nous faisons ensemble du digital learning une expérience accessible à tous.
Envie d’en savoir plus ? Visionnez le replay du webinaire !
Si vous souhaitez approfondir ces sujets et voir des des mises en pratique concrètes, ne manquez pas le replay du webinaire « Accessibilité et Digital Learning : Bonnes pratiques pour des modules inclusifs et engageants« que nous avons animé le 13 février 2025.