De nombreuses recherches, notamment celles de Hattie et Timperley (2007), montrent que le feedback est un levier puissant pour booster l’apprentissage. Ces experts mettent en évidence qu’un feedback bien construit permet à l’apprenant de comprendre où il en est, où il veut aller, et comment y arriver. Il joue un rôle essentiel en aidant à consolider les connaissances, à ajuster les méthodes de travail (en adoptant des pratiques plus efficaces ou en abandonnant celles qui ne fonctionnent pas), tout en réduisant la charge cognitive – un vrai plus, notamment pour les novices et ceux en difficulté.
Etant donné la portée du feedback dans l’apprentissage, nous vous proposons d’explorer comment concevoir des feedbacks efficaces pour optimiser la mémorisation, motiver les apprenants, et leur permettre d’atteindre leurs objectifs plus rapidement.
Pour bien commencer, qu’est-ce qu’un feedback ?
Le feedback est l’information communiquée à l’apprenant, pour l’aider à ajuster ses connaissances ou ses comportements et ainsi progresser. Le feedback interagit avec d’autres variables, comme le degré de réussite des élèves, le niveau et la difficulté de la tâche.
Le feedback est un élément essentiel dans l’apprentissage. En effet, plus que le fait de se tester, il permet de renforcer activement la mémorisation. Bien utilisé, il devient un véritable moteur d’apprentissage.
Comment remplit-il son rôle ?
Généralement le feedback permet d’accroitre les connaissances, les compétences et/ou la compréhension des apprenants en leur fournissant des informations supplémentaires, qui leurs sont également utiles pour corriger leurs stratégies d’apprentissages, leurs erreurs ou idées reçues.
Mais ce n’est pas tout, il permet également de :
- Réduire la charge cognitive de l’apprenant, et notamment ceux des novices ou en difficultés
- Signaler un écart à l’apprenant entre son niveau de performance et l’objectif attendu ou objectif souhaité (réduction de l’incertitude face au niveau de performance de l’apprenant)
- Encourager l’apprenant à intégrer des stratégies plus efficaces dans son apprentissage, afin qu’il puisse corriger ses erreurs et ajuster son approche progressivement, tout au long de son avancée.
Un feedback bien pensé, c’est un retour qui éclaire, encourage et met sur la bonne voie.
Pour remplir ces objectifs, le feedback peut prendre deux formes :
La forme directive
Ici, vous guidez l’apprenant pas à pas, en lui indiquant ce qui doit être corrigé ou révisé, par le biais de commentaires spécifiques, par exemple : « Lorsque tu pédales sur ton vélo, veille à bien regarder devant toi pour garder ton équilibre ».
La forme facilitatrice
Plutôt que de donner une solution, vous aidez l’apprenant à trouver sa propre réponse en émettant des commentaires ou des suggestions pour guider l’apprenant dans ses révisions ou ses conceptualisations. Par exemple : « Pour t’aider à retenir les signes d’une maladie, tu peux t’appuyer sur un cas patient bien spécifique ».
Les avantages du feedback informatif pour l’apprentissage ?
Saviez-vous qu’il existe jusqu’à 12 types de feedback ? (cf annexes )
Ces derniers peuvent être classés sur une échelle allant de l’absence totale de feedback à des formes plus élaborées. Parmi eux, le feedback informatif, se distingue comme l’un des plus efficaces pour favoriser les apprentissages.
Son rôle est de signaler les erreurs, conseiller, guider, sans donner la bonne réponse. De cette manière, l’apprenant, émet une réflexion, travaille, traite l’information, ce qui permet une meilleure compréhension et une meilleure mémorisation.
Ce processus aide l’apprenant à établir des liens entre ses connaissances existantes, ce qui peut conduire à la création de nouveaux réseaux neuronaux et, par conséquent, à de nouveaux apprentissages.
Nos meilleurs conseils pour élaborer un feedback efficace
Donner un feedback peut sembler simple, mais le rendre véritablement impactant pour optimiser l’apprentissage demande de la finesse. Voici quelques pistes pour y parvenir :
Favoriser la motivation avec un feedback non-évaluatif
Optez pour des feedbacks non évaluatifs pour préserver la motivation des apprenants. En effet, un feedback évaluatif – tel qu’une note ou un classement – peut avoir des effets contre-productifs et démoraliser ceux qui sont principalement motivés par la performance, car les retours sur des erreurs affectent leur estime de soi. Il est donc préférable de donner un feedback qui ne soit ni une évaluation ni une critique, et d’éviter les remarques perçues comme contrôlantes ou stigmatisantes, afin de préserver la confiance de l’apprenant.
Choisir le bon moment pour partager le feedback
Le timing est crucial : un feedback donné au bon moment peut considérablement renforcer l’apprentissage et maintenir l’engagement de l’apprenant tout au long de sa tâche. Ainsi, un feedback donné au moment opportun permettra non seulement d’optimiser la compréhension, mais aussi d’encourager une réflexion plus approfondie.
Alors, quel est le meilleur moment pour donner son feedback ?
En fait le timing du feedback dépend de deux facteurs principaux qui interagissent avec le niveau de l’apprenant : la nature de la tâche et sa difficulté.
Selon la difficulté de la tâche
- Pour une tâche simple, un feedback différé (donner un retour un peu plus tard dans l’apprentissage ou l’évaluation) est recommandé.
- Pour une tâche difficile, il est préférable de donner un feedback immédiat aux apprenants novices et un feedback différé aux apprenants experts ou confirmés.
Selon la nature de la tâche :
- Selon la nature de la tâche le feedback immédiat est à privilégier, que l’apprenant soit novice ou expert. Ceci est le cas pour les apprentissages procéduraux, qui se rapportent à « la mémoire de la manière de faire les choses » : par exemple, jouer d’un instrument de musique, faire du vélo ou écrire.
Pour que votre feedback reste efficace, il faut également veiller à ne pas dissoudre le message principal dans un flot d’informations. Cela risquerait de surcharger la mémoire impliquée dans le traitement de la tâche.
Par ailleurs, il est préférable d’encourager l’apprenant à trouver la réponse par lui-même, plutôt que de lui transmettre directement la bonne réponse, et ainsi éviter toute frustration. En lui offrant l’opportunité de réfléchir et de chercher, vous favorisez un apprentissage plus actif et satisfaisant. Privilégiez donc des retours qui guident l’apprenant sur les moyens de s’améliorer, plutôt que de simplement valider ou invalider une réponse.
Enfin, pour maximiser l’impact du feedback, préférez recourir à des retours constructifs et spécifiques, en évitant les éloges généraux ( « bravo » , « félicitations »), les remarques pouvant affecter l’estime de soi, ou encore les formats impersonnels tels que les voix-off.
En résumé, le feedback est un levier puissant pour améliorer l’apprentissage. Il permet de renforcer les compétences des apprenants en offrant des retours pertinents, adaptés à chaque contexte. Pour qu’il soit pleinement efficace, il est essentiel de choisir le bon moment, d’encourager la réflexion autonome et de privilégier des retours constructifs. Ainsi, un feedback bien utilisé est une composante essentielle pour des formations réussies et un apprentissage optimal.
Annexe : Les types de feedbacks, du moins élaboré, au plus élaboré
Type de feedback | Description | Exemple |
Pas de feedback (FB) | Référence aux conditions de la question et/ou de la réponse. Pas d’indication sur la nature de la réponse de l’apprenant. | « Vous devez cocher une case pour répondre à la question » |
Vérification ou connaissance des résultats | Ce FB informe l’apprenant sur l’exactitude de ses réponses. | « Vous avez réussi à 75% » |
Connaissance de la bonne réponse | Informe l’apprenant de la bonne réponse à un problème spécifique et sans information supplémentaire. | « La bonne réponse est 65% » |
Réessayer ou répétition jusqu’à correction | Informe l’apprenant d’une réponse incorrect et lui indique/permet de réessayer. | « Ce n’est pas correct, essayez encore » |
Mise en évidence des erreurs | Met en évidence les erreurs dans une solution sans donner de réponse correcte. | « Le livre que tu a acheté » |
Elaboré | Explication sur la raison pour laquelle une réponse spécifique était correcte ou non. | La réponse correcte est 25, car si la maman a 50 ans et a 25 ans de plus que sa fille, alors 50 ans – 25 ans = 25 ans, donc sa fille a 25 ans. |
Elaboré avec attributs critiques | FB élaboré qui présente des attributs centraux du contexte ou de la compétence cible. | Dans ce texte, l’information la plus importante à retenir est la formation des nuages. |
Elaboré relatif au contenu étudié | FB élaboré fournissant à l’apprenant des informations sur le sujet cible étudié. | La définition de métropole = Ville la plus importante d’une région, d’un pays : Les grandes métropoles des États-Unis (Larousse). |
Elaboré relatif à la réponse | FB élaboré se concentre sur la réponse de l’apprenant en décrivant pourquoi la réponse incorrecte est fausse et pourquoi la réponse correcte est vraie | Cette réponse est fausse car nous utilisons la totalité de notre cerveau et pas seulement 10%. En effet, il a été montré par l’observation de l’activité cérébrale, que toutes les zones cérébrales étaient actives, et même durant le sommeil. |
Elaboré sous forme d’indications ou signaux | FB élaboré guidant l’apprenant vers la bonne direction, par exemple à l’aide d’un conseil ou une démonstration. Mais ne donne pas explicitement la bonne réponse. | Essaie de relire la consigne en te mettant en tête que la neige se forme à la température exacte de 0°. |
Elaboré, centré sur les erreurs ou compréhensions erronées | FB élaboré nécessitant une analyse des erreurs. Il fournit des informations sur une erreur spécifique ou idée fausse de l’apprenant. | Il n’existe pas de style d’apprentissage, mais juste des préférences. |
Informatif (le meilleur à utiliser pour favoriser l’apprentissage) | FB le plus élaboré, il signale les erreurs et conseil, sans donner la bonne réponse. | Ce n’est pas tout à fait juste… Tu devrais penser à X, qui te permet de comprendre que…. |